Brame du cerf
Cheminant furtivement entre les cépées de chênes, pas à pas, d’un humus moussu à un tapis de feuilles ;
A l’affût derrière un bouquet de saules ou branché dans une cabane surplombant la clairière ;
Dans la brume matinale à l’écoute des elfes de la sylve ;
Je partage les derniers moments intenses des hôtes de la forêt avant que l’hiver ne pétrifie leurs sens jusqu’au printemps prochain.
Le brame anime les futaies. J’entends le choc des ramures qui s’affrontent en sous-bois.
Des biches envoûtées par les clameurs sauvages surgissent d’une bordure de sarrasin écarlate. Pressées par de grands cerfs haletants, elles esquissent un pas de danse avant de se fondre à nouveau dans les ors des fougères.
Un renard que rien n’émeut, mulote au nez du maître de la clairière. Des sangliers se faufilent dans la brume, une biche tente de soustraire son faon aux joutes mortelles des combattants enfiévrés par la soif de transmettre leurs gènes.
La nature engrange le meilleur pour se perpétuer, défi permanent et vain à la folie destructrice des hommes.























